ADPQuatorze ans après l'effondrement du terminal 2E de Roissy qui a fait 4 morts, des amendes allant jusqu'à 225.000 euros, la peine maximale, ont été requises jeudi à Bobigny contre quatre sociétés, dont Aéroports de Paris qui porte une responsabilité "écrasante" aux yeux du ministère public.

Le procureur Loïc Pageot a demandé que l'amende la plus lourde soit infligée à l'exploitant du deuxième aéroport européen, qui "a usé et abusé de sa position dominante" sur les trois sociétés sous-traitantes. 150.000 euros ont été réclamés contre le bureau d'étude (Ingerop), 125.000 contre le constructeur GTM (filiale de Vinci) et 100.000 contre le bureau de certification Veritas.

Ces quatre sociétés comparaissent depuis lundi devant le tribunal correctionnel pour homicides et blessures involontaires. Les débats doivent s'achever vendredi et le jugement sera mis en délibéré.

Peu avant 07H00, dimanche 23 mai 2004, le toit de l'aérogare avait cédé, entraînant la destruction d'une partie de ce terminal en forme de tunnel de verre et de béton inauguré à peine onze mois plus tôt, et dont ADP voulait faire "la vitrine de la France".

Six arcs en béton et quatre passerelles s'étaient effondrés sur une trentaine de mètres, tuant quatre voyageurs étrangers - deux Chinois, une Libanaise, une Ukrainienne - et blessant sept personnes, parmi lesquelles des employés et des policiers travaillant sur la plateforme.

Dans un réquisitoire implacable, le procureur a pointé du doigt "les délais extrêmement tendus imposés" lors de la construction du bâtiment, mais aussi un "manque de transparence" et "un contrôle insuffisant de l'exécution".

"On a pensé à l'esthétique, à l'innovation. A la sécurité, on n'a pas toujours pensé", a-t-il déploré.

Les débats ont mis en lumière les défauts de ce bâtiment à 650 millions d'euros dessiné par l'architecte Paul Andreu, concepteur de l'Opéra de Pékin aujourd'hui décédé, et qui ne devait "ressembler à aucun autre".

- "Pas de compassion pour les victimes" -

Il était notamment reproché au groupe ADP - à la fois maître d'ouvrage (concepteur) et maître d'oeuvre (client) - de s'être montré négligent "eu égard à la complexité et au caractère atypique de l'ouvrage envisagé".

Lors de l'enquête fleuve, les experts ont démontré que la résistance des voûtes était "très insuffisante" et estimé que la structure était "très proche de la ruine dès sa conception".

Ils avaient aussi relevé des "fautes d'inattention" à tous les niveaux de l'opération, "révélatrices" d'un "défaut de coordination et de supervision".

Ils avaient évalué à 50% la part de responsabilité technique d'ADP, contre 25% pour Ingerop, 15% pour GTM et 10% pour Veritas.

Si Ingerop a reconnu à la barre du tribunal de Bobigny une "faute collective", Aéroports de Paris a refusé d'admettre sa responsabilité dans l'accident.

Les trois entreprises sous-traitantes ont regretté de n'avoir jamais eu "une vue d'ensemble du projet". Elles ont aussi mis en cause le "délai extrêmement contraignant" exigé par ADP.

"+C'est pas moi, c'est les autres!+ Nous sommes dans une logique de cour de récréation. Il n'y a pas de compassion pour les victimes", a estimé le procureur.

Jeudi matin, trois femmes qui ont assisté à l'accident, deux employées de cafés et une hôtesse d'Air France, ont raconté, en larmes, leur "vie détruite", encore traumatisées 14 ans après.

De son côté, Hugues Calvet, le conseil d'ADP admet "un dialogue raté" avec les trois sociétés sous-traitantes. Mais selon lui, "contractuellement, le garant de la solidité de l'ouvrage était Veritas". "C'est un dossier d'une simplicité extraordinaire", assure-t-il.

"Si vous condamnez pénalement ADP et les trois autres sociétés, cela veut dire que ces personnes morales auraient tué quatre personnes", a déclaré Guillaume Pellegrin, autre avocat d'ADP.

Les avocats des quatre sociétés ont demandé la relaxe.

Le renvoi devant un tribunal correctionnel de l'exploitant de l'aéroport et des trois sociétés impliquées dans la construction ou la supervision de l'ouvrage n'avait été décidé par un juge qu'en octobre 2017, au terme d'une instruction fleuve, ponctuée par les expertises destinées à démêler les responsabilités dans ce dossier très technique.

Le délibéré sera rendu le 13 mars 2019.

al-sab/alh/cca

 

 

 

Bobigny, 13 déc 2018 (AFP) - © 2018 AFP

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